Pour appréhender la nature originelle de l'angoisse, il est nécessaire d'en considérer les effets psychologiques et physiologiques qui se manifestent chez la personne angoissée, tels que l'accélération du rythme cardiaque, la transpiration excessive, ou encore les désagréments qui s’expriment par des ruminations, parfois une agitation et une incapacité à vivre le moment présent ou à se projeter sereinement dans le futur. Il est important de saisir pleinement l'ampleur et la complexité de ce phénomène qui bouscule la réalité des individus qui vivent cette émotion.
Quel rôle a l’angoisse ?
Lorsqu’une une personne est saisie par cette émotion, elle se retrouve en alerte maximale. L'anxiété répond à un instinct de survie qui pousse l’homme depuis toujours, à se préparer à fuir ou à combattre en cas de danger. Elle peut être sans objet et être ressentie sans connaître les quelconques raisons qui la déclenchent, contrairement à la peur qui renvoie à quelque chose de visible ou de connue.
Lorsqu'elle est tempérée et n'est pas envahissante comme c'est le cas dans les crises de panique, l'angoisse joue le rôle crucial d'alerte. Elle stimule les mécanismes de survie en déclenchant le cerveau reptilien, pour nous inciter à agir rapidement et avec lucidité à une situation d’urgence et de danger. En somme, elle plonge l'individu dans un état de grande vigilance qui, loin d'être un fardeau, peut s'avérer être un atout précieux. Elle est ainsi un bouclier instinctif selon la perspective freudienne, un signal d’alarme inné qui nous pousse, avec une efficacité presque animale, à réagir face à un danger imminent. Cela nous permet ainsi de préserver notre intégrité physique et mentale.
Quand l’angoisse envahissante devient contre-productive
Si elle dépasse un certain seuil, parfois flou et propre à chaque individu, l'angoisse, cette émotion parfois diffuse qui nous saisit face à l'incertitude ou au danger, devient contre-productive. En effet, elle ne joue plus le rôle de catalyseur positif, de préparation à la fuite ou à la lutte, mais se transforme en quelque chose de paralysant qui bride nos capacités de réflexion et d'action. Elle peut même nous placer dans un état de torpeur et d'impuissance qui inhibe toute possibilité de réaction constructive. Certaines personnes se retrouvent paralysées et s’enferment sur elle-même tentant de trouver un refuge pour ne plus ressentir l’angoisse envahissante.
Quelles différences entre l’angoisse, la peur et la terreur ?
L'angoisse diffuse et évasive flotte dans l'inconnu sans forme ni objet précis. D'autres prennent une autre forme et se fixent sur un objet spécifique comme dans le cas des phobies. D'autres se manifestent différemment comme dans le cas des névroses obsessionnelles ou de l'hystérie. Elles se nourrissent de ce qui est insaisissable, inconscient. La peur, au contraire, pointe vers un danger spécifique, réel ou imaginaire.
Quant à la terreur, elle est une émotion particulièrement forte. Elle surgit face à une menace brutale, imprévue ou attendue ; c'est en ce sens que Sigmund Freud, psychanalyste et père de la psychanalyse, a pu définir le mot terreur comme « l’action d’un danger auquel on n’était pas préparé par un état d’angoisse préalable », soulignant ainsi la différence cruciale entre une peur diffuse, anticipée, et le choc paralysant d'une horreur qui nous frappe sans avertissement.
