Divorce du couple : comment protéger son enfant
Se séparer, ce n’est jamais facile. Pour un adulte, c’est une tempête d’émotions. Pour un enfant, c’est souvent encore plus déstabilisant. Il n’a pas toujours les mots pour tout comprendre, mais il ressent tout. Ce qu’il attend de vous, c’est de traverser cette épreuve sans le mettre malgré vous au cœur du conflit.

- Pour certains, cette organisation est un équilibre : ils gardent un vrai lien avec chacun de leurs parents.
- Pour d’autres, c’est lourd : l’impression de ne jamais avoir un vrai “chez soi”.
Ce n’est pas la séparation en elle-même qui abîme, mais la façon dont elle est vécue. Un enfant ne souffre pas d’avoir deux maisons, mais de se retrouver pris entre deux parents en conflit.
La séparation est-elle vraiment “banale” ?
Aujourd’hui, les séparations sont fréquentes. On pourrait presque croire qu’elles n’ont plus d’impact, que les enfants “s’habituent”. Mais ce n’est pas si simple. A vouloir toujours minimiser les incidences sur les enfants, on peut passer à côté d'une souffrance psychique non visible, avec une vision du monde qui change après cette expérience, surtout quand les parents ont des difficultés à faire la différence entre le couple conjugal et le couple parental. Entre ce qui est perceptible et la réalité psychique de l'enfant, il y a parfois deux mondes.
L’avis d’une psychanalyste
Aujourd’hui, les séparations sont fréquentes. On pourrait presque croire qu’elles n’ont plus d’impact, que les enfants “s’habituent”. Mais ce n’est pas si simple. A vouloir toujours minimiser les incidences sur les enfants, on peut passer à côté d'une souffrance psychique non visible, avec une vision du monde qui change après cette expérience, surtout quand les parents ont des difficultés à faire la différence entre le couple conjugal et le couple parental. Entre ce qui est perceptible et la réalité psychique de l'enfant, il y a parfois deux mondes.
Il ne s'agit pas de culpabiliser les parents mais de confronter les parents face à leur responsabilité pour aider leurs enfants à bien grandir. Car la séparation peut être parfois nécessaire, et bénéfique pour éviter de mettre les enfants en insécurité; mais face à un monde où la frustration est de plus en plus difficile, y compris pour les adultes, la tentation de tout quitter est rapide, sans réfléchir aux incidences et aux besoins de préparer l'enfant et de le sécuriser.
Les enfants ont besoin de sécurité et de croire au monde dans lequel ils vivent. Ils ont besoin d'avoir un espoir, de croire en l'amour, aux relations pour pouvoir affronter ensuite les aléas de la vie. Comme le dit Donald Winnicott, "un enfant doit pouvoir s'illusionner avant d'être désillusionné".

Le cerveau d’un enfant fonctionne comme un grand apprenti qui retient ses expériences pour se construire et anticiper l’avenir. Quand il vit une séparation, il en garde forcément une trace. Le cerveau d’un enfant se construit en apprenant du passé pour anticiper l’avenir. . Cela ne veut pas dire qu’il sera abîmé pour toujours, mais ça veut dire qu’il n’est pas neutre face à ce qu’il traverse.
Selon Nathalie Zammateo, dans son ouvrage "Les séparations parentales conflictuelles" :
"Les séparations conflictuelles peuvent être à l’origine d’un stress psychologique chronique qui a des conséquences importantes sur la santé et le développement de la personne."
Entendre les disputes, se sentir coincé entre deux parents, manquer de repères… tout cela façonne la manière dont il se voit lui-même et imagine ses futures relations.
Séparation parentale : reconnaître la peur et la douleur de l’enfant face à l’inconnu.
- Il est important de ne pas minimiser les ressentis de l’enfant ni sa douleur. On a trop tendance à croire que les relations entre adultes ne les concernent pas. Tout dépend de ce qu’on y met.

Il arrive que certains adultes pensent : « Mon enfant est fort, il saura surmonter cette épreuve, je le connais. » Cette réaction peut être une manière de se rassurer soi-même, et parfois elle reflète une réalité. Mais attention : certains enfants se montrent « forts » uniquement pour protéger l’un de leurs parents, au détriment de leurs propres émotions.
Il est donc préférable de rappeler à l’enfant qu’il est normal d’être triste, d’avoir peur ou de se sentir perdu. L’essentiel est qu’il sache que vous êtes à l’écoute, prêt à accueillir ses émotions, à l’aider à les exprimer et surtout à le rassurer.
L’avis d’une psychanalyste
Il est parfois tentant de dire à un enfant que la séparation ne le concerne pas. Pourtant, il en est directement impacté. Pour lui, ce n’est pas rassurant, car il vit la séparation comme quelque chose qu’il subit inévitablement. C’est comme si on niait son existence et son sentiment d’appartenance à la famille qu’il a toujours connue.
Ce qui est essentiel, c’est de recueillir ses émotions tout en le rassurant : il doit savoir que ce n’est pas de sa faute. L’enfant a besoin de sentir que ses deux parents continueront à l’aimer. Dire à son enfant, "on t'aime tous les deux, et on va continuer à te voir, chacun séparément, et on va être là pour toi. Notre amour ne changera pas pour toi."
Vous pouvez le rassurer en lui notifiant, que vous comprenez que cela peut être difficile pour lui. "Même si nous ne vivrons plus ensemble, nous resterons toujours tes parents. Nous savons que cela peut être difficile pour toi. Si tu en ressens le besoin, nous serons là pour t’écouter et accueillir ce que tu ressens. "
Il est important que les parents adoptent le même langage et, si possible, qu’ils parlent ensemble à leur enfant. Cela le rassure et lui permet de comprendre qu’il ne va pas perdre l’un de ses parents.
Que dire à un enfant lors d'une séparation ?
Chaque enfant est unique et il est toujours délicat de généraliser. Toutefois, en fonction de l’âge, certains ressentis apparaissent plus fréquemment :
Protégez vos enfants du conflit parental : explorez la thérapie familiale dès maintenant !
Les “enfants à valise” et la séparation
J’aime appeler « enfants à valise » ceux qui vivent la résidence alternée : une semaine chez papa, une semaine chez maman. Ce n’est pas un terme officiel, mais il dit bien ce qu’ils vivent : faire et défaire leur sac, passer d’un monde à l’autre.
Pour certains, cette forme d’organisation est vécue comme un équilibre : elle permet de garder un lien fort avec chacun des parents malgré la séparation. Quand les deux foyers sont cohérents et que le climat reste apaisé, l’enfant s’adapte et peut grandir de façon harmonieuse.
Pour d’autres, au contraire, cette vie en mouvement peut donner l’impression de ne jamais avoir de vrai “chez soi”. Faire et défaire sa valise chaque semaine peut créer un sentiment d’instabilité, surtout si les règles de vie ou les valeurs sont trop différentes d’un foyer à l’autre.

Les pièges à éviter
Dans la tourmente d’une séparation, certaines erreurs se glissent presque sans qu’on s’en aperçoive :
- Faire de l’enfant un messager : il devient l’intermédiaire du conflit.
- Parler mal de l’autre parent : il peut croire qu’une partie de lui est visée.
- Tout raconter comme à un adulte : il n’a pas les épaules pour porter vos soucis.
- Compenser par des cadeaux : ce n’est pas un jouet qui rassure, mais une présence stable.
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Comment parler de la séparation à son enfant
Le moment où vous lui annoncez la séparation restera gravé dans sa mémoire.
- Parlez-lui ensemble, si possible, même brièvement.
- Utilisez des mots simples.
- Rassurez-le clairement : « Ce n’est pas ta faute. On t’aimera toujours tous les deux. »
- Répondez à ses questions, mais ne l’écrasez pas de détails.
Ce qu’il doit sentir, c’est qu’il n’est pas seul et que vos rôles de parents ne s’arrêtent pas.

Garder une communication saine entre parents
La séparation change le couple, mais pas la parentalité. Vous restez ses parents.
Sinon, il risque de se sentir obligé de “choisir”, ce qui le met dans une position impossible.
Soutenir son enfant dans cette période
- Accueillez ses émotions : laissez-le dire “j’en ai marre” sans minimiser.
- Créez un espace sécurisant : qu’il se sente libre de parler chez papa comme chez maman.
- Soyez attentifs aux signaux d’alerte : isolement, troubles du sommeil, baisse scolaire. Un psychologue peut être une vraie ressource.

Recherches Actuelles concernant la Residence Alternée
Docteur Maurice Berger
Et vous, dans tout ça ?
Votre vie aussi continue. Vous avez besoin de souffler, de reconstruire, peut-être d’aimer à nouveau.
- Nouveau partenaire ? Attendez la stabilité avant de le présenter.
- Famille recomposée ? Prenez le temps, chacun doit trouver sa place.
Des lectures pour y voir plus clair
Après une séparation, beaucoup de parents se sentent perdus. Comment expliquer la situation aux enfants ? Comment recréer un cadre stable ? C’est une période où l’on a besoin de repères et de soutien. Pour vous aider, voici quelques lectures basées sur la recherche. »
Études à consulter sur Cairn.info
- La résidence alternée : bénéfices, limites et enjeux pour les familles séparées : bénéfices, limites et enjeux pour les familles séparées » (Revue des politiques sociales et familiales, 2024). Une synthèse récente de la recherche pluridisciplinaire sur la résidence alternée. Elle montre que les enfants qui passent du temps de façon équilibrée avec les deux parents (ex. 50/50) présentent un bien‑être psychologique et relationnel souvent supérieur à ceux confinés avec un seul parent, à condition que le climat familial soit serein.
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La résidence alternée chez les enfants de moins de six ans: une situation à hauts risques psychiques : (Revue Devenir, 2004)
Une étude plus ancienne, mais toujours significative : elle soulève les risques potentiels pour les jeunes enfants (moins de 6 ans) en résidence alternée, notamment si celle-ci se fait dans un contexte conflictuel ou instable. -
La résidence alterné :. Étude exploratoire auprès d’enfants âgés de 7 à 10 ans » (Revue Dialogue, 2010)
Une étude qualitative basée sur des entretiens avec des enfants de 7 à 10 ans. Elle met notamment en lumière deux formes d’alternance vécues : relationnelle (continuité avec les parents) et spatiale (changement fréquent de domicile), et souligne que la coparentalité joue un rôle clé dans la qualité de leur expérience.Je vous invite aussi à lire les articles ci dessous, si vous voulez en savoir plus.
Je vous invite à lire d'autres articles qui peuvent vous intéresser ou en rechercher sur Cairn Info. La plupart sont payants, n'hésitez pas à en rechercher d'autres sur d'autres plateformes comme Persée, (ils sont gratuits), mais les articles sont plus anciens.
Conclusion : transformer la séparation en chemin de croissance
La séparation bouscule, fatigue, fait peur. Mais elle ne détruit pas forcément l’enfant.
Certains deviennent des « enfants à valise », ballottés d’une maison à l’autre. Leur vrai besoin n’est pas d’avoir une valise pleine, mais de garder deux repères, deux amours stables.
En gardant le respect, en évitant les conflits devant eux, en offrant des règles claires et une présence chaleureuse, vous transformez la séparation en un passage de vie qui peut aussi devenir une force.
Un enfant ne souffre pas d’avoir deux maisons. Il souffre seulement quand il croit avoir perdu l’une de ses bases. Ce n’est pas la valise qui pèse sur lui, mais le conflit qu’il doit porter.