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Comment le masochisme influence-t-il nos relations ?


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Introduction

Dans le cadre des relations d'aujourd'hui, le masochisme est un sujet important. Il se présente souvent de différentes manières et peut affecter la dynamique des relations. Que ce soit par des pratiques consensuelles ou des comportements psychologiques plus subtils, comprendre le masochisme est essentiel pour naviguer dans les relations modernes.

Cet article a pour but d'explorer en profondeur les aspects du masochisme et son impact sur nos relations. Vous découvrirez les origines du concept, ses différentes formes et comment elles peuvent influencer vos interactions personnelles. En examinant les racines psychologiques et les points de vue actuels sur le sujet, cet article offre un aperçu complet des conséquences du masochisme dans nos vies.

I. Comprendre le masochisme

Origine du terme et création par Richard von Krafft-Ebing

Le masochisme désigne la recherche de plaisir dans la douleur, l'humiliation ou la souffrance. Ce terme a été introduit par le psychiatre Richard von Krafft-Ebing. Dans son livre principal, Psychopathia Sexualis, publié à la fin du XIXe siècle, Krafft-Ebing décrit le masochisme comme une condition où une personne trouve du plaisir dans la douleur ou l'humiliation.

Il provient de l'écrivain allemand Leopold von Sacher-Masoch en 1870, qui a exploré ces thèmes dans son œuvre célèbre « La Vénus à la fourrure ». Il y raconte la passion d'un homme nommé Séverin pour une femme appelée Vénus, et il est prêt à tout supporter, allant jusqu'à devenir son esclave pour obtenir son amour et vivre avec elle. Cette histoire montre comment le besoin de punition ou de châtiment peut apparaître dans une relation amoureuse, se transformant en une relation destructrice, entre domination et soumission.

Ce récit a non seulement fait connaître ces concepts dans la littérature mais a aussi influencé les recherches ultérieures sur la psychologie du masochisme.

Perspectives freudiennes sur le masochisme et ses différentes formes

Sigmund Freud a repris ce terme et a élargi notre compréhension du masochisme en identifiant plusieurs formes distinctes, chacune ayant ses propres caractéristiques et implications psychologiques.

A. Les formes de masochisme selon Freud

Masochisme érogène : selon Freud, cette forme est directement liée à l'excitation sexuelle. Le plaisir est biologique et pris dans la douleur. Ce type de masochisme se retrouve dans toutes les formes de masochisme.

Le masochisme érogène est le témoin de l'intrication entre pulsion de mort et pulsion de vie.   En 1924, Freud a décrit ce masochisme érogène primaire comme provenant d'une liaison primaire entre la pulsion de vie et la pulsion de mort, par laquelle la pulsion de vie contrôlerait la pulsion de destruction. Selon Benno Rosenberg, ce genre de masochisme est le "gardien de la vie". Le masochisme est vécu à toutes les étapes de la vie psychosexuelle (orale, anale, phallique et génitale), ce qui nous place dans un cadre temporel. Le masochisme permet l'émergence de la vie psychique et son développement ; il en est la source et la protection. Freud constate que chacun de nous a une part masochique en lui puisque il est source de la vie.

●      Masochisme moral : pour Freud cette forme de masochisme se manifeste par le besoin de se punir, de s'infliger une douleur physique ou morale. C'est le Moi propre qui demande une punition. Ce masochisme morale est, selon Rosenberg, liée à une culpabilité inconsciente. La personne ne se sent pas coupable mais malade. C'est un désir d'être puni par le père (œdipien) selon Rosenberg. La satisfaction est prise dans la maladie qui remplace le sentiment de culpabilité inconscient. Il y a une jouissance dans le besoin de se faire mal, de s'humilier, d'être puni. La conscience morale de ces individus est très élevée, sadique, ce qui amène les personnes à se faire des reproches et à s'auto-affliger quand elles ont commis une faute. Il arrive qu'elles recherchent la punition en provoquant des situations où elles vont endurer de la souffrance, de l'humiliation. Ce type de masochisme met à mal le thérapeute qui doit faire face à une personne qui met en échec sa thérapie. Freud parlait de réaction thérapeutique négative qu'il est important d'identifier. Cette réaction peut se manifester dans la relation transférentielle, il est crucial de l'identifier et de la travailler en séance.

masochisme morale, besoin de punition

Pour Rosenberg, c'est la culpabilité qui est érotisée masochiquement, c'est à dire qu'il y a un plaisir pris dans la maladie ou la souffrance. Cette culpabilité inconsciente

Par exemple, on peut retrouver ces comportements chez des personnes qui ont vécu des traumatismes où elles se sont retrouvées impuissantes face à un agresseur, une situation. La culpabilité ne sera pas toujours évidente à identifier. Elle peut se changer en masochisme moral, en auto sadisme, car la culpabilité serait trop importante si elle était ressentie.

Dans le masochisme moral, certaines personnes peuvent chercher sans s'en rendre compte des situations où elles subissent des injustices ou des humiliations sociales à plusieurs reprises. Cela peut être vu comme une façon inconsciente de renforcer leur identité en tant que victime dans différents aspects de leur vie quotidienne. Il est important de le repérer en thérapie pour pouvoir comprendre le schéma construit qui nécessite de produire ces souffrances.

●      Masochisme féminin : bien que controversé aujourd'hui, Freud décrivait cette forme comme une expression d'un masochisme primaire inhérent aux femmes, lié à leur rôle traditionnellement passif dans les relations interpersonnelles. Il est important de noter que cette perspective a été critiquée et remise en question par les théoriciens modernes pour sa simplification excessive des rôles de genre. Ce type de masochisme varie entre actif/passif, dominant/dominé.

Freud considérait le masochisme féminin comme une expression profonde liée aux dynamiques traditionnelles entre hommes et femmes. Cette vision mettait en avant une tendance supposée à la soumission chez les femmes, influencée par des attentes culturelles anciennes. Pour Sigmund Freud, elle est l' expression de l'être de la femme / elle ne correspond pas à une réalité de genre, mais davantage à une position psychique de passivité. Néanmoins, cette idée a suscité beaucoup de débats car elle ne tient pas compte de nombreuses réalités individuelles complexes, ni des évolutions sociétales récentes qui redéfinissent constamment les rôles et identités de genre. En examinant ces concepts sous différents angles historiques et contemporains, il est évident que le masochisme a un impact significatif sur notre compréhension plus large des comportements humains dans les relations interpersonnelles et sexuelles.

Dans ce type de masochisme :

• On peut constater cela dans le contenu de certains fantasmes masochistes, en particulier sexuels (besoin d'être battu, bâillonné, attaché, soumis, maltraité d'une façon ou d'une autre). Dans ces fantasmes, on ressent de la culpabilité.

•  Le masochiste a besoin d'être traité comme un enfant en difficulté et dépendant

•  Il a le besoin d'être traité comme un enfant méchant.

•  renvoie à la vie infantile, à la position féminine, à la passivité, à la castration

•  Ce masochisme féminin repose sur le masochisme primaire érogène. Il prend du plaisir dans la douleur.

Selon certains théoriciens comme Rosenberg, le masochisme peut être vu comme une forme de narcissisme inversé, où l'individu recherche la validation externe à travers la douleur ou la soumission. Cette perspective offre une compréhension plus nuancée du masochisme comme outil d'exploration psychologique, permettant aux individus d'interroger leur identité et motivations profondes.

II. Les racines psychologiques du masochisme

Influence des expériences d'enfance sur le développement de comportements masochistes

Comprendre le développement de comportements masochistes à l'âge adulte nécessite de se baser sur les expériences vécues pendant l'enfance.. La façon dont un enfant perçoit et réagit aux situations stressantes ou douloureuses peut influencer sa relation future avec la douleur et la souffrance. Plusieurs études montrent que les traumatismes infantiles, comme l'exposition à des environnements abusifs ou négligents, peuvent créer des mécanismes de défense qui se traduisent par des comportements masochistes.

L'enfant, cherchant souvent à donner un sens à sa douleur, peut adopter une vision du monde où souffrir devient une norme acceptable, voire souhaitée. Ce phénomène soulève la question : « Qu'est-ce que le masochisme ? » Peut-il être vu comme un moyen de faire face à des souvenirs douloureux ou est-il simplement une manière de survivre à une réalité difficile ?

Discussion sur les châtiments corporels et leur impact psychologique

Les châtiments corporels subis durant l'enfance jouent un rôle important dans le développement du masochisme chez certaines personnes. Ces punitions physiques peuvent laisser des marques profondes sur le plan psychologique, amenant les individus à associer douleur et affection, en raison de la confusion des messages reçus pendant leur enfance.

  • Masochisme mortifère : ce terme décrit un état où la recherche de souffrance devient destructrice, conduisant parfois à des comportements autodestructeurs. Ce type de masochisme peut émerger d'une enfance marquée par des abus physiques, où la douleur répétée s'intègre dans l'identité personnelle. Freud explore, dans son essai "Un enfant est battu", les fantasmes qui se créent autour du châtiment physique vu ou vécu par l'enfant. Un refoulement va s'opérer est des fantasmes inconscients vont se créer et vont influencer la vie psychique d'un individu. C'est ce que Freud va étudier dans les fantasmes originaires qui subissent une transformation, avec une jouissance prise dans la douleur que l'on peut retrouver dans le masochisme moral ou féminin.
  • Masochisme gardien de la vie : à l'inverse, ce type se manifeste lorsque la douleur est utilisée comme un moyen d'accroître la résilience face à des situations difficiles. Ici, le masochisme ne vise pas la destruction mais plutôt une forme paradoxale de protection contre un environnement hostile.
    Les effets durables de ces expériences précoces soulignent l'importance d'une approche compréhensive et empathique pour analyser le comportement masochiste. En reconnaissant ces racines psychologiques, on peut mieux comprendre comment elles influencent les relations et les dynamiques personnelles actuelles.

Conclusion

Pour résumer, les perspectives freudiennes sur le masochisme nous donnent une perspective complexe et nuancée de ce phénomène. Freud a mis en évidence les multiples facettes du masochisme en explorant la psyché humaine, prouvant qu'il va bien au-delà de la simple recherche de la douleur physique dans un contexte érotique.

Selon Freud, le masochisme érogène est le fondement de toutes les formes de masochisme et est considéré comme le 'gardien de la vie' par Bonno Rosenberg. Il met en évidence le lien entre la recherche de plaisir et la pulsion de mort. Il soulève des interrogations profondes sur la nature humaine et les mécanismes de plaisir.Freud nous encourage à prendre en considération l'influence des conflits internes et des dynamiques de pouvoir sur nos comportements et nos désirs les plus intimes, tout en identifiant également le masochisme moral et le masochisme féminin.

Les différentes formes de masochisme, bien qu'elles se manifestent de manière distincte, sont toutes des manifestations de la complexité des pulsions humaines et de leur gestion..Le masochisme est ainsi mis en lumière par la théorie freudienne dans l'économie psychique, en soulignant son rôle crucial dans l'équilibre entre souffrance et satisfaction, entre autodestruction et survie.

Comprendre le masochisme à travers le prisme freudien ne se limite pas à une simple curiosité académique ; cela a des implications pratiques pour la psychothérapie et la psychanalyse. D'autres auteurs comme Paul, Claude Racamier,Bonno Rosenberg ont approfondi la recherche sur cette notion pour une meilleure compréhension de la psychologie humaine. offrant des pistes pour le traitement et la compréhension des patients qui présentent des comportements masochistes. En définitive, l'approche freudienne enrichit notre vision du masochisme, nous encourageant à reconnaître la diversité et la complexité des expressions de la souffrance et du plaisir dans la condition humaine.

Les professionnels de la santé mentale trouvent toujours une grande utilité dans les enseignements de Freud sur le masochisme pour réfléchir et s'inspirer. D'autres travaux plus actuelles viennent appuyer la compréhension de ces différents types de masochisme.

Pour les autres, ils nous incitent à une introspection sur nos propres tendances masochistes, et sur la manière dont elles influencent notre relation à nous-mêmes et aux autres..En fin de compte, les perspectives freudiennes sur le masochisme nous rappellent que derrière chaque comportement, aussi déroutant soit-il, se cache une quête de sens et d'équilibre dans la complexité de la psyché humaine. Elles nous aident à mieux appréhender nos tendances masochistes et à adopter un nouveau point de vue sur nous-mêmes et sur les autres.


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